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Céréales La récolte française catastrophique soutient les marchés

© Sébastien Champion

Tallage, cabinet d’études spécialisé dans les marchés des grains et des oléagineux, nous livre son analyse hebdomadaire du marché.

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Jusqu’où ? C’est la question que tout le monde se pose sur le marché en ce qui concerne la chute vertigineuse de la récolte de blé française. Les rendements sont catastrophiques et la qualité très pénalisée. Une large part de la récolte présente des PS très faibles et des grains tellement petits qu’ils vont devoir être considérés comme des impuretés ou des brisures. Avec une récolte française en baisse de 10 millions de tonnes environ par rapport à l’an passé et les problèmes qualitatifs, il ne sera pas possible d’exporter vers les pays tiers les quantités prévues. Cette situation peut avoir à la fois des conséquences baissières (pertes de débouchés) mais haussière aussi (forte baisse des volumes produits).

C’est le second élément qui l’emporte actuellement et qui a fait gagner 6 à 7 €/t aux prix des blés meuniers cette semaine (167 €/t rendu Rouen) mais également aux prix fourragers (152 €/t rendu Rouen). Sur Euronext, les prix ont gagné 8 €/t sur l’échéance de septembre et un peu moins sur l’éloigné (5 €/t pour l’échéance de décembre 2016 et 3 €/t sur mars 2017). Cette évolution française contraste avec celle du marché mondial : les blés américains de qualité moyenne (SRW) se sont dépréciés de 13 $/t cette semaine en raison des bons volumes récoltés et aussi en raison des problèmes qualitatifs qui concernent les blés de plus haute qualité. En Russie, c’est la surenchère : la récolte ne cesse d’être revue à la hausse et cela a tendance à peser sur les prix russes qui abandonnent 2 $/t cette semaine (à 165 $/t). L’Égypte est revenue aux achats ; sans surprise, pas d’offres françaises de nouveau mais une grande présence au contraire des blés roumains et russes (les deux origines qui l’ont emporté) et ukrainiens.

Cette orientation baissière n’épargne pas le maïs mondial non plus. L’état des maïs américains est bon et les conditions climatiques annoncées pour la fin de juillet sont un peu moins mauvaises que prévu. Avec d’énormes stocks de report en perspective à la fin de septembre et une bonne récolte en vue, la situation du maïs demeure très lourde aux USA et pèse sur les prix (–9 $/t Fob Gulf à 173 $/t). Cela se reporte sur les valeurs ukrainiennes mais aussi françaises qui chutent de 3 €/t (à 165 €/t rendu Bordeaux pour la nouvelle récolte).

En orge, la situation a plutôt tendance à s’alourdir en qualité fourragère : les volumes récoltés ont beau être très décevants, les inquiétudes quant aux possibilités d’exportation sont fortes puisqu’il est très difficile de trouver les bons PS pour répondre aux critères à l’exportation. Cela a conduit les prix en baisse cette semaine à Rouen (–3 €/t à 135 €/t) alors que les orges fourragères Fob Moselle ont eu tendance à s’apprécier à cause des mauvais rendements. Du côté brassicole, les résultats de la moisson laissent craindre une forte réduction des disponibilités brassicoles et cela soutient les prix à un niveau stable en brasserie d’hiver (165 €/t Fob Creil) et en hausse en brasserie de printemps (+5 €/t à 190 €/t).

Oléagineux : le prix du soja poursuit son yo-yo

Après la forte hausse de prix observée la semaine dernière, les cours du soja sur le marché à terme de Chicago chutent brutalement cette semaine, à 379 $/t (–29 $/t). Le passage à l’échéance août entraîne une chute « technique », aidée aussi par le maintien d’un bon état des cultures aux USA (à 71 % de bons à excellent au 17 juillet, stable cette semaine), et des perspectives climatiques correctes. Il est à noter également la publication des chiffres de trituration de juin aux USA (à 3,95 millions de tonnes, source : NOPA), légèrement inférieures aux attentes du marché, alors que les ventes à l’exportation restent dynamiques (10 millions de tonnes déjà vendues sur la nouvelle campagne au 14 juillet, et environ 7 millions de tonnes qui restent à charger de la récolte de 2015).

Au Canada, malgré les pluies observées récemment (et ayant probablement engendré des dégâts locaux), les perspectives de récolte de canola restent bonnes (le dernier rapport du Saskatchewan confirmant un développement normal de la grande majorité des plantes) et les prix poursuivent le recul entamé depuis le début de juillet.

En France, les prix du colza sont quasi inchangés cette semaine. La récolte pourrait être en dessous des estimations officielles (plutôt à 4,7 millions de tonnes contre 4,8 pour le ministère). Cela empêche les prix de reculer, et leur permet même de bien résister à la chute du soja. Toutefois, les importations continuent dans les ports français, notamment en provenance de la Roumanie (dont la récolte est bonne). Cela pourrait limiter la hausse des prix dans les prochaines semaines.

Le tournesol recule encore légèrement cette semaine, perdant environ 5 €/t à Saint-Nazaire. Les bonnes perspectives de production (en particulier dans la zone de la mer Noire) continuent de peser sur les prix.

Protéagineux et tourteaux : pression vendeuse

Du côté des tourteaux et protéagineux, les cotations à Chicago perdent près de 30 $/t cette semaine, dans le sillage des graines de soja mais aussi du maïs, dont les conditions de développement sont bonnes. À Montoir, les prix perdent environ 14 €/t.

Départ Marne, les pois fourragers sont cotés à 215 €/t (pas de prix la semaine dernière).

À SUIVRE : résultats de la récolte en France, qualité des blés et orges, climat des deux côtés de l’Atlantique et son impact sur le développement du maïs et du soja aux USA.

Tallage

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